La répression et l’absence de démocratie : Un pouvoir bâti sur la peur


Le discours prononcé par le président Denis Sassou Nguesso le 28 novembre 2024 illustre parfaitement l’une des stratégies fondamentales de son régime : maintenir le contrôle par la peur et l’intimidation. Sous une apparente rhétorique d’unité nationale, ses propos contenaient des menaces voilées qui visent à dissuader toute contestation populaire et à renforcer son emprise sur le pouvoir.

1. Un discours qui dévoile la stratégie de la peur

Dans ce discours, Sassou Nguesso a déclaré :
"Nous avons construit ce pays dans la stabilité et la paix. Ceux qui cherchent à semer le chaos trouveront des réponses à la hauteur de leurs actes."

Cette phrase, en apparence anodine, est un message codé destiné à toute personne ou organisation envisageant de contester son régime. En évoquant la "stabilité et la paix", il se positionne comme le garant de l’ordre, mais insinue également que tout mouvement d’opposition serait assimilé à une menace pour l’État. Les termes "réponses à la hauteur de leurs actes" laissent présager une répression brutale contre ceux qui oseraient défier son autorité.

2. Un régime qui criminalise l’opposition

Ce discours s’inscrit dans une longue tradition où toute critique est assimilée à un complot ou une tentative de déstabilisation. L’opposition politique, loin d’être reconnue comme un acteur légitime du débat démocratique, est régulièrement qualifiée d’ennemie de l’État.

Depuis des années, les leaders de l’opposition au Congo-Brazzaville subissent des arrestations arbitraires, des procès injustes et des condamnations sévères. Certains sont contraints à l’exil, tandis que d’autres disparaissent dans des prisons secrètes. À travers ce discours, Sassou Nguesso envoie un signal clair : toute velléité de contestation sera écrasée.

3. Une intimidation subtile mais efficace

En menaçant de manière indirecte, le président Sassou adopte une approche subtile qui joue sur les traumatismes collectifs du passé. Les Congolais se souviennent des répressions sanglantes des années précédentes, notamment les violences post-électorales et les opérations militaires dans le Pool. En ravivant ces souvenirs, le régime s’assure que la population reste dans un état de soumission.

Ce climat de peur est renforcé par le contrôle strict des médias et l’absence de liberté d’expression. Les journalistes qui osent critiquer le gouvernement sont réduits au silence par des menaces, des intimidations, ou des arrestations. Les citoyens ordinaires, eux, évitent d’exprimer leurs frustrations, même dans leur cercle privé, de peur d’être dénoncés.

4. Les conséquences sur le peuple congolais

Cette stratégie de répression et d’intimidation a des conséquences profondes sur la société congolaise :

  • Une paralysie sociale : Les citoyens, craignant des représailles, hésitent à organiser des manifestations ou à s’exprimer publiquement.
  • Un climat de méfiance généralisée : La peur de la dénonciation crée des tensions au sein des communautés, brisant les liens de solidarité.
  • Un recul démocratique : En muselant l’opposition et en manipulant les processus électoraux, le régime prive le pays d’un débat politique essentiel à son développement.

Conclusion : Un pouvoir fragilisé par sa propre peur

Le discours du 28 novembre 2024 démontre que le régime Sassou Nguesso ne repose plus sur une légitimité populaire, mais sur la peur qu’il inspire. Cependant, une telle stratégie est à double tranchant. En continuant à gouverner par la répression, le régime risque d’alimenter un ressentiment profond qui pourrait, à terme, se transformer en révolte.

Le Congo-Brazzaville a besoin d’une alternative basée sur le dialogue, la transparence et le respect des libertés fondamentales. La peur ne peut être un fondement durable pour gouverner un peuple en quête de justice, de liberté et de dignité. Le président Sassou Nguesso gagnerait à écouter ces aspirations plutôt que de les écraser. Mais l’histoire nous enseigne que les régimes autoritaires finissent toujours par succomber sous le poids de leur propre oppression.

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